Les violences vicariantes : une arme contre la victime
Les violences vicariantes désignent une stratégie de domination dans laquelle l’auteur des violences s’attaque non seulement à sa victime directe, mais aussi à son entourage. L’objectif est double : fragiliser davantage la victime en lui faisant du mal par personne interposée et isoler cette dernière en effrayant ses soutiens.
Les enfants sont souvent les premières victimes de ces violences. Ils peuvent être témoins des agressions, subir directement des maltraitances ou être manipulés contre le parent victime, notamment en cas de séparation. L’auteur des violences conjugales peut ainsi instrumentaliser les enfants en les utilisant comme moyen de pression : menaces de leur faire du mal, dénigrement du parent protecteur ou manœuvres juridiques abusives pour obtenir leur garde et maintenir son emprise.
Mais les enfants ne sont pas les seuls concernés. Les proches de la victime – parents, amis, collègues – peuvent eux aussi subir des représailles s'ils tentent de lui venir en aide. L’agresseur peut les menacer, les harceler, ou même les diffamer afin de dissuader tout soutien. Cette stratégie d’intimidation crée un climat de peur et contribue à l’isolement progressif de la victime.
Les traumas vicariants : l’impact sur les professionnels
Si les proches de la victime peuvent être affectés, les professionnels qui accompagnent ces situations – travailleurs sociaux, avocats, psychologues, magistrats ou policiers – ne sont pas épargnés. À force d’être exposés aux récits et aux souffrances des victimes, ils peuvent eux aussi développer ce que l’on appelle un trauma vicariant.
Ce phénomène se manifeste lorsque l’écoute répétée de témoignages traumatiques entraîne chez le professionnel une détresse émotionnelle, une usure psychique ou des symptômes proches du stress post-traumatique. Il ne s'agit pas d’une simple empathie, mais d’une forme de contamination émotionnelle où l’on absorbe, parfois inconsciemment, la douleur des autres.
Les signes d’un trauma vicariant peuvent être variés : épuisement, anxiété, troubles du sommeil, hypervigilance, ou encore perte de sens dans son travail. Certains professionnels peuvent ressentir une impuissance face aux limites du système judiciaire ou social, une colère face à l'injustice, voire un sentiment de découragement face à la répétition des violences.