Les enfants et les violences conjugales
Les violences conjugales représentent un risque constant pour le développement de l'enfant et sa capacité à former des relations d'attachement sûres. Les interactions familiales ont un impact significatif sur le bien-être physique, psychologique et social de l'enfant, sur sa fonction génétique et sur sa maturation neurophysiologique. L'âge de l'enfant et ses caractéristiques individuelles, telles que son tempérament et ses capacités intellectuelles, influencent le risque de traumatisme. Vous n'êtes pas seul, n'hésitez pas à demander de l'aide.
Malheureusement, il arrive souvent que les violences conjugales subies ou observées pendant l'enfance amènent une personne à se retrouver dans une relation violente, que ce soit en tant que victime ou en tant qu'agresseur.
La sécurité et les soins prodigués par les parents sont essentiels au bon développement de l'enfant. On parle de traumatisme transgénérationnel lorsque des parents qui ont subi des traumatismes dans leur enfance élèvent leurs enfants sur la base de leurs propres expériences, souvent assombries par ce qu’ils ont dû endurer.
La façon dont les parents traitent leurs propres expériences est essentielle. Les expériences traumatisantes sont stockées dans la mémoire implicite, distincte des connexions cognitives ou linguistiques. La naissance d'un enfant peut activer des traces dans la mémoire et devenir un facteur de crise, même dans des circonstances positives. Des stratégies pour gérer le stress sont mises à l'épreuve et les individus peuvent s'appuyer sur des schémas familiers datant de leur enfance.
Pour une personne ayant subi un traumatisme lors de son propre développement, la naissance d'un enfant et l'acte d'être parent peuvent devenir un point de crise. Les chagrins, les émotions et les traumatismes refoulés de l'enfance peuvent refaire surface de manière incontrôlée au cours de cette période.
Même si un parent qui adopte un comportement violent dans sa relation est par ailleurs capable d'exercer une bonne éducation, la confiance de l'enfant en ce parent est compromise.
Il est compréhensible qu’une personne ayant subi des violences puisse rationaliser et justifier le maintien de la relation violente au nom de l’éducation donnée par l’agresseur. Toutefois, lorsque les parents envisagent des solutions pour leur propre vie, ils doivent donner la priorité à l'intérêt supérieur de l'enfant ou des enfants. Aucun enfant ne devrait vivre dans une famille où la violence est présente.
Les violences conjugales sont source de stress. Le stress sévère subi pendant l'enfance a des effets durables et profonds sur les structures cérébrales, les fonctions essentielles et, par la suite, sur le comportement, le bien-être émotionnel et la santé en général, même à l'âge adulte. Le stress peut avoir un impact significatif sur les zones du cerveau et provoquer leur rétrécissement. Les soins précoces et l'éducation sont essentiels au développement du cerveau pendant les années de formation, lorsque le système nerveux subit des changements rapides. L'environnement exerce une influence considérable, en particulier au cours des deux ou trois premières années de la vie. L'hippocampe, responsable de la mémoire et de l'apprentissage, peut être endommagé et réduit en taille à cause du stress.
Souvent, les enfants se sentent responsables du comportement du parent violent, pensant qu'ils en sont en quelque sorte la cause. Ils peuvent éprouver de la colère à l'égard de l'autre parent qui ne s'est pas défendu et n'a pas défendu ses enfants. Parfois, les enfants peuvent penser que le comportement de ce parent a provoqué un comportement violent chez l'autre parent. Malgré ces émotions contradictoires, les enfants aiment profondément leurs parents, s'inquiètent de leur bien-être et ne parlent pas souvent de leurs expériences difficiles. Certains enfants se sentent coupables de ne pas être intervenus pour mettre fin aux violences et peuvent essayer de plaire à leurs parents par peur de la violence. Ils peuvent essayer d'amener leurs parents à satisfaire les désirs de l'agresseur afin d'éviter d'autres préjudices. Dans de telles situations, l'enfant cherche à se protéger du parent violent en cherchant un refuge ailleurs.
De nombreux enfants s'inquiètent également du bien-être de l'agresseur dans le couple. Ils peuvent être affligés à l'idée que le parent soit laissé seul ou craindre qu'il ne finisse en prison. En particulier si le parent a menacé de faire du mal à d'autres personnes ou à lui-même, l'enfant peut s'inquiéter de la sécurité de son père ou de sa mère. Chaque enfant aime ses parents et il est important de le reconnaître. L'enfant doit être informé que des efforts sont faits pour aider le parent violent. Il n'est pas abandonné, mais il doit être prêt à accepter l'aide qui lui est proposée. Même un parent violent reste un parent.
Les enfants sont naturellement loyaux envers leurs parents et il est essentiel qu'ils se sentent acceptés par leurs deux parents. Il peut leur être interdit de révéler ce qui se passe à la maison à d'autres personnes en dehors de la famille. Le point de vue de l'enfant sur la situation peut être très différent de celui des parents et ne peut être compris que par une communication ouverte avec l'enfant. La violence peut devenir normale pour un enfant. Il est donc important d'insister sur le fait que les violences ne sont pas acceptables et d'expliquer qu'elles sont toujours répréhensibles.
Les parents croient souvent à tort que les enfants ne sont pas conscients des violences conjugales et qu'il n'est donc pas nécessaire d'en parler avec eux. C'est une erreur d'appréciation. Les enfants observent, entendent et sentent tout. Même les jeunes enfants qui ne peuvent pas encore parler sont conscients de l'atmosphère qui règne à la maison, et ces expériences sont stockées dans leur subconscient. Les parents peuvent également penser qu'il n'est pas nécessaire de révéler toute la vérité à l'enfant ou qu'il ne saisit les événements que superficiellement et les oublie facilement. Les parents peuvent être surpris de découvrir à quel point les enfants peuvent décrire avec précision des actes de violence, même lorsqu'ils pensaient qu'ils n'en avaient pas conscience ou qu'ils dormaient.
L'enfant est conscient de ce qui s'est passé chez lui et comprend que le fait de se rendre dans un hébergement ou un lieu sûr est lié à ces événements. Il est juste de donner à l'enfant la vérité qu'il mérite. Il est essentiel d'avoir des conversations ouvertes et honnêtes avec l'enfant -en utilisant les vrais noms-, sur la nécessité de partir en sécurité, plutôt que de l'induire en erreur, par exemple en l'assimilant à des vacances. Sinon, il risque d'associer, par exemple, les vacances à la violence, aux blessures infligées par les parents, aux pleurs, au secret et à des arrangements inhabituels, ce qui entraînera des associations pénibles. L'enfant a le droit de savoir pourquoi il a quitté la maison, que ce qui s'est passé était mal et qu'il s'agit peut-être d'un crime, qu'il est maintenant en sécurité et, s'il se trouve dans un hébergement spécialisé, que des professionnels l'aident. Cette connaissance peut aider à calmer l'enfant et à atténuer ses craintes, qu'il a peut-être cachées pour protéger son parent déjà accablé d'une détresse supplémentaire. Un parent donne un exemple positif en s'exprimant activement, en montrant qu'une communication ouverte sur tous les sujets est bénéfique et qu'ils peuvent surmonter les difficultés ensemble.
Il est essentiel d'élever un enfant dans un environnement caractérisé par la compréhension, la sécurité et l'affection. L'enfant ne doit pas être soumis à des punitions ou traité de manière irrespectueuse. Il doit être protégé de toute forme de violence.
Selon le Code civil français : « L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. Les parents associent l'enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. »
Si les parents ne peuvent pas protéger leurs enfants et leur offrir un environnement sûr, il s'agit d'une question de protection de l'enfance. Le principe de base est que si une intervention dans les affaires de la famille est nécessaire, la voie la moins invasive pour aider la famille est privilégiée. Parfois, la violence ou les menace de violence peuvent nécessiter un placement d'urgence.
En France, cette politique est confiée en grande majorité aux conseils départementaux et aux collectivités territoriales à statut particulier, qui délèguent la partie opérationnelle à leurs services d’aide sociale à l’enfance (ASE).
Le fait d'être témoin ou victime d'actes de violence cause un préjudice grave
Le fait d'être témoin ou de subir des violences au sein du foyer familial entraîne de profonds préjudices émotionnels, psychologiques et développementaux. Il est essentiel de soutenir et d'intervenir auprès des enfants exposés aux violences conjugales. Le conseil, la thérapie et les groupes de soutien peuvent les aider à traiter leurs expériences, à guérir des traumatismes et à développer des stratégies d'adaptation. La création d'un environnement sûr et stimulant et la garantie de leur bien-être général sont essentielles à leur rétablissement et à leur résilience, ainsi qu'à la rupture du cycle intergénérationnel de la violence. Voici quelques exemples de l'impact des violences conjugales sur les enfants :
Les enfants peuvent ressentir diverses émotions négatives, notamment la peur, l'anxiété, la tristesse et la colère. Ils peuvent se sentir en danger, être constamment sur le qui-vive et avoir des problèmes de confiance.
Les enfants exposés aux violences conjugales peuvent présenter des troubles du comportement tels que l'agressivité, le défi ou le repli sur soi. Ils peuvent avoir des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations saines.
Le stress et le traumatisme liés à la violence domestique peuvent nuire à la capacité de concentration de l'enfant, ce qui entraîne des difficultés scolaires. Il peut éprouver des difficultés à l'école, avoir de moins bonnes notes et voir ses résultats scolaires diminuer.
Les enfants vivant dans des foyers familiaux violents peuvent avoir des problèmes de santé physique tels que des maux de tête, des maux d'estomac et des troubles du sommeil. Le stress chronique peut affaiblir leur système immunitaire et entraîner d'autres problèmes de santé.
Les violences conjugales peuvent entraver le bon développement d'un enfant. L'environnement toxique familial auquel il est exposé peut entraîner des retards au niveau de la parole, du langage, des capacités cognitives et des aptitudes sociales.
Les enfants qui grandissent dans un environnement de violences conjugales courent un risque plus élevé de développer des problèmes de santé mentale, tels que la dépression, les troubles anxieux, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et des problèmes de toxicomanie plus tard dans leur vie.
Le fait d'avoir été témoin de violences peut fausser la compréhension qu'a un enfant des relations saines. Il peut avoir du mal à établir la confiance, à maintenir des limites saines et à former des attachements sûrs.